avril 16, 2024

Violences sexuelles : Des voies pour briser le silence

Violences sexuelles : Des voies pour briser le silence

elles sont nombreuses qui meurent sous le poids du silence. La honte de se regarder dans une glace, le jugement de la société, pourtant dénoncer aurait été soulagé leur peine.  Comment ne pas dire non aux violences sexuelles…
 
Des larmes qui coulent. La  voix qui tremble. Voilà l’émotion qui anime Leaticia Tonye Loe qui prend la parole ce samedi 2 février 2019, à la suite de la première diffusion de son film : « les prisonnières du silence ». La jeune femme de 28 ans et féministe, vient de franchir un pas important de sa vie. Elle a définitivement brisé le silence. Elle vient à travers ce film documentaire, de lever le voile sur un sujet considéré comme tabou dans  notre société.  Le film documentaire qui est produit met au-devant de la scène, la peine de nombreuses femmes. Des témoignages qui font froid dans le dos, des victimes qui ont peur d’être rejetées si la vérité est sue, c’est ainsi que se fait le choix de garder le silence.  Certaines, bien que gardant l’anonymat, ont décidé de partager leur expérience. C’est le cas de Berthy, âgée aujourd’hui de 35 ans. Elle a été abusée pour la première par son cousin alors qu’elle n’avait que 5 ans, par un grand cousin qui vivait dans la maison, confie-t-elle à visage caché. Cet acte a duré jusqu’à l’âge de 6 ans et à 7 ans elle se fait à nouveau abuser par un autre cousin de passage.  Le témoignage est troublant, pourtant son cas n’est pas unique. Caroline est une infirmière de 36 ans, elle également, a été abusée  par celui qui lui  donnait des cours de répétition.  Plus tard, à vingt ans, elle est victime des violences conjugales.  Tout comme les deux dames suscitées, Monique 30 ans et Brenda 15 ans sont des victimes de viol. Si ces dames ont le courage de se confier, elles sont nombreuses qui emportent ce secret. Comment briser le silence ?
 Le film de Leaticia Tonye Loe est un miroir qu’elle place en face de la société. C’est un récit dans lequel survivantes sociales, psychiatres, socio anthropologues s’expriment sur le sujet. En effet, il permet  ainsi de mettre en avant les souffrances de ces femmes  et la lourdeur de ce qu’elles ont enduré pendant de longues années. Le projet, « les prisonnières du silence » est une campagne de sensibilisation contre les violences faites aux femmes. En cette période où le monde  entier célèbre la femme, il s’agit pour la réalisatrice : « d’inviter la question la question des viols et abus régulièrement subis par les femmes et les filles dans le débat du 8 mars », précise Leaticia Tonye Loe. Au-delà des festivités qui entourent cette semaine, il faut se : « poser des questions qui vont au-delà des éternels soulèvements et de glissements de kabas qui font les potins », remarque-t-elle.  La campagne va au cours de cette semaine se décliner par les projections du film documentaire, une campagne outdoor et digitale afin de finir avec les « chuuuut », car se taire désormais, c’est être complice de viol.

 Au Cameroun la  violence sexuelle prend des proportions inquiétantes.  Un demi-million de femmes et filles au Cameroun sont victimes de viol. 432000 femmes et filles Camerounaises sont victimes de viol en 10 ans. Selon une étude menée par le programme Germano-Camerounais de santé Sida, (PGCSS/GIZ) sur le viol et l’inceste au Cameroun en partenariat avec le Renata (Réseau National des Tantines), sur une population de 370719 filles et femmes, 5.2% étaient victimes de viol, dont 18% étaient des cas d’inceste. 12% des victimes avaient moins de 10 ans au moment du viol. En 2009, le Dr Flavien Ndonko qui a dirigeait une étude sur le sujet, affirmait que le viol deviendra un problème de santé public dans les 10 à 15 années à venir. Toutefois, le ministère de la promotion de la femme et de la famille, reconnaît que près de 55% des filles et femmes Camerounaises a connu au moins une forme de violence dans leur vie.
 
Par : Lucienne Wouassi

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